Janelle Basque

 

'' Veillée sur les planches''

 

Pour ce projet, organisé par l’Artothèque, sur le thème Vivre la nuit dans le cadre de l’évènement la Fête des morts, j'ai créé ce triptyque sur de vieilles planches en bois retrouvées chez  moi en Acadie au Nouveau-Brunswick. J'ai choisi ces matériaux, car, pour moi, ils représentent très bien à la fois la mort et la vie, car à l'origine ces arbres étaient vivants. On peut dire aussi que ces planches ont déjà eu leur vie utile pour l’usage qu’on en a fait. Avec ce projet, je veux les faire revivre et leur rendre leur noblesse passé. N’est-ce pas cela la fête des morts en soi. Souligner les morts pour les faire revivre dans nos cœurs. Par conséquent, c’est pour ça que j’ai rajouté des feuilles d’or. J’aime bien le contraste que les feuille d’or donne à l’œuvre. De l’or sur du bois pourri. Redonner de la noblesse à un matériau qui s’est détérioré avec l’âge.

 

                Alors voici ce que représente pour moi cette fête. Pour commencer, mon triptyque représente les 3 jours de la fête chrétienne où on fête les morts. Comme plusieurs autres fêtes, elle se déroule en 3 jours dont le jour, la veille et le lendemain. Le jour est la Toussaint, la veille l’Halloween et le lendemain le jour des Morts. J'ai représenté la première par la jeunesse (fête d'enfants, l'Halloween), la seconde, la force de la maturité, représentée par une jeune femme (la Toussaint) et la troisième fête du cycle, représenté par l’image de la mort. Mort qui libère l’esprit et l'âme du corps. (Jour où l'on prie pour nos proches décédés ‘’le jour des Morts’’)

 

               J'ai utilisé des planches comme canevas parce qu'en discutant des rituels funéraires avec mes grands-parents, j'ai appris qu'à leur époque les services funéraires n’existaient pas et que les morts étaient étendus sur un autel de fortune fait de planches tenues par un chevalet. On veillait comme ça le défunt 3 jours, car l'âme restait à l'intérieur du mort tout ce temps et qu'il fallait prier pour faciliter son passage au ciel. Voilà d'où vient mon titre '' Veiller sur les planches''.

 

En faisant mes recherches, j'ai constaté que le chiffre 3 revenait souvent. Enfant, adulte, vieillard..... la trinité qui est le père, le fis et le Saint-Esprit...... le passé, présent et le futur..... le troisième jour Jésus ressuscita des morts .... naissance, vie, mort.....la terre, le purgatoire et le paradis.... le tricolore acadien qui est bleu, blanc, rouge... etc...

 

                Le temps qui passe est représenté par plusieurs choses dans mon œuvre. Premièrement, par le bois mort et usé où l’on peut très bien voir les traces de décomposition laissées par les nombreuses années. Ce temps est irréversible et la seule conclusion possible à celui-ci est la fin. Ceci est le cycle de la mort ainsi que le cycle de la vie. La seconde représentation du temps est symbolisée par les deux bandes de voile noir qui remplit les deux espaces vides entre les trois tableaux de mon triptyque. Elles représentent le ruban du destin et du temps qui se déroule et s’accumule sur le sol dans un mélange chaotique et vaporeux. Le temps passé amenant la mort et le deuil. De là pourquoi la couleur noir de mes voiles. Noir comme les vêtements et comme les pleurines que les femmes de mon passée portaient pour dissimuler leurs visages lors d’un deuil.

 

                Dans ce travail, je me suis inspirée de beaucoup de choses que mes grands-parents m'ont décrites et de la façon qu’ils voyaient la fête des morts et les rituels funéraires. Je crois que pour eux et pour beaucoup de gens, la religion répond à beaucoup de questions. Croire en tout cela rassure aussi l’esprit à propos de la mort. Je crois que la foi à cette faculté de soigner l’âme lorsque celle-ci est tourmentée par l’angoisse de la fin. On a besoin de savoir où va les êtres qu’on a aimé après leur mort. La mort ne marque plus la fin de tout, mais une étape de plus à franchir dans notre existence.

 

Seul le corps périt, l’esprit quant à lui est destiné à un autre monde.