Kristo Nicolas

« Nuit des morts – Nuit des vivants »

 

Bien souvent, quand on parle de la nuit, dans certaines cultures, le vaudou fini toujours par faire surface. Cette religion qui, du temps de l’esclavage était interdite par les colons, se pratiquait la nuit. Le culte des morts, en particulier, se célébrait, et se célèbre encore durant la nuit, au son des tambours, des chants et de danses frénétiques où le déhanchement faisait loi. La tristesse n’y ayant pas sa place et la joie étant reine.  Les esprits des ancêtres ne manquant pas de faire sentir leur présence de façon évidente à cette fête qui se faisait en leur honneur.  

La nouvelle génération vodouisante, bien qu’elle célèbre encore la fête des morts de façon traditionnelle, la fait aussi de façon universelle. L’universalité constatée du culte des morts fait appel à une introspection qui nous amène à penser que cette tradition n’est pas une exclusivité, mais une universalité qui se partage avec tout le genre humain, d’une manière ou d’une autre. C’est une fête qui aujourd’hui se célèbre avec couleurs, sons, vie, créations et réalisations ; la nuit, désormais maîtrisée, devient une aire de vie intense ; elle devient complice et ne fait plus peur. 

Dans le contexte de cette exposition, au milieu des diversités et des identités culturelles qui m’entourent, je propose de mettre en évidence mes appartenances au vaudou et les similitudes qu’il partage avec les autres cultures. Je vise dans ce contexte à exposer le symbolisme commun entre « les esprits de la nuit du vaudou », avec en figure de proue l’esprit des mort du vaudou « NI_BHO », qui n’est autre que ce Pluton romain ou l’Anubis égyptien. La différence c’est que qu’aujourd’hui, NI_BHO et la nuit ne font plus peur. Ils nous appellent à célébrer la vie.

Ayant vécu en Haïti, aux États-Unis et au Québec, je pense avoir une très bonne idée, non seulement de la conception du vaudou par les ressortissants des pays dans lesquels j’ai vécu, mais aussi á travers les réactions constatées durant les diverses expositions de mes œuvres tant en Amérique, en Europe ou en Amérique latine. Pour la plupart des gens, la nuit vaudou fait encore peur, mais une fois les similitudes expliquées, le réveil nocturne se fait de façon joyeuse et l’exploration donne libre cour à la création. 

 

Mes œuvres parlent du vaudou, et j’ai pu explorer un style et faire naître en moi une affluence d’idées créatrices, où les esprits prennent une place importante. A travers mes créations se retrouve, l'abondance d’un élan créatif reposant sur la diversité aboutissant à une exploration culturelle et spirituelle abondante. Ma dernière production met en valeur des masques ainsi que des inspirations vodouisantes. Chaque tableau est une pure spontanéité qui prend sa source dans mon inconscient ainsi que dans les symboles provenant de mes origines, de mes triples nationalités et de mon cheminement tant artistique que spirituel. Tous les sujets rendent hommage à la beauté et à la puissance de la nuit.  Le fond utilise est le noir contrastant avec des couleurs vives primaires, créant ainsi un mariage visuel idyllique.

Ma création est étroitement articulée à un travail d’élaboration non seulement de la complexité du style en question, mais aussi de l’incorporation, dans un aspect unique, des éléments d’art propres à la technique développée au cours des ans. Mon cheminement spirituel à travers la peinture a atteint un point où les énergies primaires de l’homme rencontrent l’essence même de sa nature, cette parcelle du divin qui vit en lui. Cette rencontre à donné suite à une explosion mentale qui s’est manifestée dans le tangible à travers une série de masques alliant des entités primaires du vaudou à l’universalité même de la création, créant une fascination incompréhensible chez tous ceux qui prenaient le temps de les contempler.  La création venant du plus profond de la nuit étoilée du subconscient. 

 

«C’est dans le silence de la nuit que la lumière se définit. »